L’après cancer est un vaste sujet qui amène à énormément de questionnements, presque autant que lors de l’annonce de son cancer, et de la même manière on n’y est pas ou peu préparé.e. Mais finalement c’est aussi un assez gros tabou qui plane silencieusement, a-t-on réellement le droit d’en parler ? Et si oui, même négativement ? Peut-on vraiment “se plaindre” après avoir survécu au cancer ? Peut-on vraiment dire que ça ne va pas ? Et finalement guérit-on un jour du cancer ?
L’après cancer c’est un peu cette île que l’on voit à l’horizon sans savoir si elle existe réellement ou si c’est un mirage. L’après-cancer c’est cette île que l’on voit se rapprocher et qu’on s’apprête à découvrir par soi-même, parfois par ses propres moyens. Autant de questionnements qui nous ont poussé à l’écriture de ces articles, qui, on l’espère, balayeront les tabous, les questions, les angoisses ou toute autre émotion négative qui pourrait vous embêter maintenant que vous êtes en rémission.
Alors parlons en premier lieu de votre bien-être après le cancer. MÊME aborde vos doutes, vos peurs mais surtout vous donne des clés de réflexion et de quoi vous redonner le sourire, prêt.e ? 🙂
Je ne peux pas m’empêcher de douter à la suite de l’annonce de mon médecin
Voici bien là le premier paradoxe de l’après cancer : on est heureux.se d’être en rémission, soulagé.e mais on n’est pas forcément prêt.e à recevoir et accepter cette information. C’est vrai, et si les médecins s’étaient trompés ? Et si, tout ceci était de la fausse joie ?
Alors on vous rassure, tout comme les médecins vérifient plusieurs fois leurs résultats avant d’annoncer un diagnostic de cancer, ils vérifient tout autant quand ces résultats sont positifs. Justement pour éviter toute fausse joie ou faux espoir !
Et après tout, vous méritez votre rémission ! Tout ce parcours que vous avez traversé avec courage, avec vos hauts, vos bas mais sans jamais lâcher, rendez-vous compte de toutes ces réussites accomplies jour après jour !
Si néanmoins vous en venez à douter, posez toutes vos questions à votre oncologue pendant votre consultation : il est là pour ça, vous ne le dérangerez pas, et il n’y a pas de question inutile ou déplacée. L’important est que vous ayez l’esprit tranquille et ces questionnements peuvent aussi aider votre oncologue dans l’accompagnement avec ses autres patient.e.s, donc n’hésitez plus !
Un esprit libre, c’est un esprit léger ! 😉
Pourquoi est-ce que j’ai encore le sentiment d’être malade ?
C’est vrai, du jour au lendemain on passe d’un extrême à un autre : de “malade” à “en rémission”, des mots légers dans la bouche des autres et pourtant lourds de sens. Un sens qu’on ne sait pas toujours expliquer soi-même.
On a baigné pendant plusieurs mois voire plusieurs années dans un univers médical, avec ses difficultés manifestes mais sans doute de belles rencontres, de belles histoires et d’autres avec une fin moins attendue… Alors on peut se demander “Pourquoi moi ?”.
Alors bien que ce sentiment d’être encore malade ne partira pas du jour au lendemain, il ne faut pas pour autant y rester trop longtemps. Se culpabiliser d’avoir réussi à vaincre le cancer, quand d’autres n’ont pas eu cette chance, ne changera rien à l’histoire.
On essaye alors de se tourner vers l’avenir, de penser qu’on vivra la vie qu’on ne pensait plus avoir à certains moments, et qu’on profitera pour ceux dont la flamme s’est éteinte.
Parlons aussi du cas particulier de l’hormonothérapie : plus vraiment malade mais pas réellement guérie pour autant, cet entre-deux, souvent accompagné de son nouveau lot d’effets secondaires indésirables, est d’autant plus difficile à appréhender et accepter d’un point de vue psychologique.
Les traitements d’hormonothérapie sont comme une béquille, là pour vous soutenir contre des ennemis qui restent réels bien qu’imperceptibles ! Ils ont leurs défauts, on vous l’accorde, mais ils ne sont pas le vrai ennemi au bout du compte.
Si cependant les effets secondaires de votre traitement d’hormonothérapie vous handicapent trop, n’hésitez pas à en parler à votre médecin !
Et la récidive dans tout ça ?
Quel que soit le type de cancer auquel on a dû faire face, la peur de la récidive est une peur bien réelle et tout à fait logique. On vient de subir une période longue, qui a laissé des séquelles aussi bien physiques que psychologiques, et l’angoisse de devoir les réveiller est tout à fait naturelle.
D’après l’étude VICAN 5 menée en 2015, on estime que 35,8 % des personnes diagnostiquées depuis 5 ans, pensent quelques fois par mois à la peur de la récidive et 15,4 % y pensent au moins quelques fois par semaine.
Des chiffres non négligeables qui montrent bien que cette peur n’est pas isolée, alors si vous la ressentez, sachez que vous n’êtes pas seul.e !
On ne peut pas le nier, avec le cancer, le risque 0 n’existe pas. Mais n’êtes-vous pas mieux paré.e que quiconque pour savoir que la vie est trop courte et trop précieuse pour penser à ce qu’elle pourrait ne plus être. Alors si on acceptait de prendre ce risque, prendre le risque que la récidive puisse arriver pour lui éclabousser votre joie à son visage !
Si on vous disait que l’un des facteurs de risque de récidive, c’était la peur de la récidive elle-même, vous seriez convaincu.e ? 😉 Alors, c’est évidemment plus facile à dire qu’à faire mais plus on évite le stress, plus on s’épargne certains effets sur son organisme !
Pour finir de vous convaincre, on vous dirait que vous êtes la personne la mieux suivie médicalement, alors en cas de récidive, vous serez accompagné.e le mieux possible par votre équipe médicale.
Ces conseils rationnels ne doivent pas vous culpabiliser si malgré tout vous vous sentez stressé.e ou anxieux.se. Ce sentiment et cette peur sont encore une fois tout à fait naturels. N’hésitez pas aussi à vous faire accompagner par un.e psychologue ou un.e psychiatre pour vous aider à mieux comprendre cette peur pour apprendre à l’affronter avec davantage de sérénité.
En route vers ma nouvelle vie : un pas après l’autre
Alors on va lever ce tabou dès le début : vous allez écrire un nouveau chapitre de votre vie, mais la vie n’est pas toujours un conte de fée, on ne vous apprend rien ! Ce qu’on veut dire par là, c’est qu’il n’y a pas de règle ou d’injonction qui exige d’être toujours joyeux.se maintenant qu’on est en rémission. On a aussi le droit d’avoir ses moments avec et ses moments sans : comme tout le monde ! On parle d’ailleurs du rapport à notre entourage après le cancer, dans un de nos articles dédiés à l’après cancer.
Sortir, s’aérer l’esprit, se divertir
Et si on s’autorisait à penser à sa vie, sans penser au cancer de manière automatique ? Par exemple en sortant de chez soi pour une balade ! Évidemment tout est une question d’imagination, mais savoir que pour quelques minutes on redevient soi-même, et plus seulement sa maladie peut être un grand exutoire.
Chaque jour on peut ainsi prendre le temps de cette petite bulle de pause au grand air, qui soulage l’esprit. Le but est de se recentrer sur soi, sur la personne que l’on est pour mieux apprivoiser et accepter ce nouveau chapitre.
On peut par exemple se laisser porter par de la musique, pour occuper chacun de ses sens ! Rien de mieux qu’une playlist “feel good” (comprenez bonne humeur) pour commencer sa balade du bon pied ! Ça tombe bien, MÊME a pensé à vous en vous concoctant la MÊMElist, le concentré de bonne musique sans modération, disponible sur Deezer et Spotify !
On peut aussi s’essayer à de nouvelles activités ! L’écriture, la peinture, le dessin, la danse, la cuisine, la photographie, une nouvelle langue… sont autant de leviers qui peuvent vous accompagner dans votre recherche d’harmonie mentale ! Et on ne veut pas entendre “ oui mais je ne sais pas dessiner/ chanter “ etc, chaque chose vient à point à qui sait attendre !
En vous armant de confiance, de persévérance et de patience – 3 qualités qui seront elles-mêmes nourries par ces nouvelles pratiques – , vous arriverez à tous vos objectifs artistiques : alors ne lâchez pas ! 🙂
Se reposer, la clé pour trouver son rythme
Il n’y a pas de mal à prendre du temps pour soi et se reposer. On a toujours l’impression que la vie va à 100 à l’heure, dictée par des phrases qu’on entend tous les jours : “Je n’ai pas le temps“, “je suis en retard“, “je suis débordé.e aujourd’hui“ ; alors d’un coup devoir tout mettre en pause peut créer un vide, parfois difficile à combler…
Vous voulez un scoop : tout le monde prend le temps de dormir ! Vous le saviez ? Cela signifie donc bien que tout le monde, même ces wonderwoman qui semblent avoir 15 métiers, se reposent !
Alors vous aussi re-po-sez-vous ! Et pas qu’un peu, si vous sentez le besoin d’une grosse pause dans votre journée, prenez-la ! L’important est d’écouter son corps et ses besoins !
À l’inverse, quand on se sent opérationnel.le, on peut sauter sur l’occasion pour faire une douce séance de sport, ou aller marcher le temps d’une balade.
L’essentiel à retenir : il n’y a pas de mal à être à la recherche de son équilibre !
Accepter de devoir demander de l’aide
Si vous sentez que des pensées sombres vous reviennent souvent en tête, que vous avez le moral dans les chaussettes, ou alors que vous avez le sentiment d’avoir un poids constant de stress sur les épaules, il faut peut-être songer à consulter un professionnel. Il n’y aucune honte ou aucune signification particulière à cela.
Demander de l’aide n’est en aucun cas une forme de faiblesse, au contraire, c’est faire preuve de force et de lucidité de pouvoir se rendre compte et d’accepter que, ce moment est un moment difficile qui nécessite un petit coup de pouce pour mieux en ressortir ! Comme un bras dans le plâtre, ça ne vous viendrait pas à l’idée de l’enlever avant votre guérison ou même de le refuser en premier lieu ! 😉
Ne pas se laisser définir uniquement par son cancer
Vous venez de parcourir un chemin immense, sans doute le plus marquant de votre vie et vous pouvez en être très fièr.e, cependant le cancer ne vous représente pas dans votre intégralité. Vous êtes avant tout VOUS, il est important de ne pas l’oublier d’autant plus au début de cette nouvelle étape.
Le cancer a fait partie de votre vie, c’est vrai, mais il n’est pas aux commandes de votre quotidien ! Alors certes ce petit chenapan peut venir vous titiller avec certains effets secondaires encore de temps en temps, mais il ne doit pas prendre le premier rôle ! 🙂
On communique, sans se laisser envahir par la culpabilité
Il peut être parfois compliqué pour son entourage de comprendre toutes les conséquences aussi bien physiques que mentale de l’après cancer et tout ce qu’elles peuvent impliquer. Il peut arriver qu’ils ne voient l’après cancer que comme une étape finalisée : “Hop le cancer c’est fini, tout redevient comme avant !”. Des discours pas très faciles et agréables à entendre lorsqu’on souffre encore de certaines séquelles… Pour mieux vous accompagner dans l’entrée dans l’après cancer auprès de vos proches, MÊME vous propose un article pour mieux gérer ses relations avec son entourage et surtout se sentir bien dans ses baskets ! 🙂
Vous l’aurez compris, retrouver un bien-être interne au final, c’est savoir s’accompagner dans ses hauts, dans ses bas sans chercher plus loin que ses sensations ! Mieux comprendre son mental c’est aussi mieux comprendre son corps ! Si on se sent mal un jour, on ne se culpabilise pas pour autant, on laisse les choses arriver tout en sachant que le soleil n’est jamais loin pour pointer le bout de son nez ! 🌞
Quelques documents qui pourraient vous intéresser :
L’étude VICAN2, menée en 2012 auprès de personnes diagnostiquées du cancer depuis 2 ans.
L’étude VICAN5, menée en 2015 auprès de personnes diagnostiquées du cancer depuis 5 ans.
Un article sur la santé mentale, rédigé par le St Judes Research Hospital à Memphis
Un guide sur la vie après le cancer proposé par la Ligue contre le Cancer
On espère que tous ces conseils ont pu vous aider et vous rassurer ! N’hésitez pas à nous écrire en commentaire votre avis ou vos expériences ! Vous pouvez aussi partager cet article à une personne que vous avez reconnue ou qui pourrait en avoir besoin ! On pense fort à vous tout.e.s ! 💕
Merci pour ces précieux commentaires , où je me retrouve totalement !
On se sent moins seule …..
Merci Joëlle ! Si cela vous parle et vous fait du bien, alors notre objectif est rempli 🙂
Bonjour et merci,
C’est vraiment un article juste!
Cela fait du bien de lire son ressenti !
Cet « après » n’est pas facile !on est guéri aux yeux de notre famille,nos amis..et au fond de nous on s’inquiète.
Un grand Merci, cordialement
Merci beaucoup Joëlle, ces remerciements nous font un bien fou !
Merci pour cet article qui a le mérite de mettre des mots sur ce que l’on ressent .
Pas toujours simple d’appréhender l’avenir et de se sentir légitime . Je pense que cette « sensation « nous reste collée pour un bon moment encore .
Merci à toute votre équipe pour vos articles et vos produits qui nous font du bien
Merci merci merci pour ce gentil mot qui nous rend très fiers Flo !
L’ après cancer pour certaines personnes restent avec des symptômes physiques à gérer (symptômes mains et pieds douloureux, ongles abîmés, sécheresse vaginale, problèmes cardiaques et physiques etc…qui peuvent durer pendant des années après le cancer) mais quel bonheur d’avoir combattu ce cancer, on revient de loin donc la vie est belle ! Merci pour vos produits qui m’ont accompagnés pendant mon cancer et que j’ utilise encore tous les jours !
Merci pour votre témoignage Bridget !
Effectivement, les séquelles physiques peuvent également être impactante au quotidien, même après la fin des traitements, on en parle d’ailleurs dans cet article sur la réappropriation du corps après un cancer, vous pourrez y trouver quelques conseils !
Bonjour,
Très belle réflexion .Cela m’a beaucoup aidée .Appuyer sur le fait qu’il faut vivre avec:c’est là tout le programme .
Cordialement Marie-jeanne
Merci mille fois Marie-Jeanne !
Un grand merci pour tous vos conseils, ils permettent de mieux comprendre nos doutes nos nostalgiques
Et de garder le moral . La vie est belle ….
Merci Claudie, vos mots nous vont droit au coeur !
Une des difficultés dans la lutte pour un meilleur moral et confiance en l’avenir est le terme que vous employez : rémission ! Vous nous rappelez sans cesse que nous sommes condamnés par la maladie ( le masculin l’emporte, pas de e es) et seulement en sursis. Comment ne pas craindre cette rechute !
Mais dans le milieu médical, il y a prise de conscience, les oncologues et le chirurgien me disent : guérie et jugent le mot important. Moi aussi et mes angoisses sont bien suffisantes.
Pardonnez si le message semble « rêche », je vous remercie pour ces bons produits qui m’aident au quotidien. Vous devriez recevoir une récompense pour le crayon sourcils !
Bien à vous et mes compagnes d’armes
Merci pour cette précision ! Vous avez tout à fait raison, la terminologie joue un rôle important et induit cette notion de doute. Nous aurions pu le préciser en début d’article, vous avez bien fait de le mentionner !
Bonjour, un bon résumé qui fait du bien quand on le lit, merci encore,
Merci à vous pour ce gentil mot !
merci pour cet article qui fait du bien au moral……. je suis en rémission depuis quelques mois seulement et j ‘ai du mal a trouver ma place .
Merci de votre petit mot Yveline, on pense bien bien fort à vous !