La sexualité est un sujet que l’on peut considérer comme tabou. Et pourtant elle a une place très importante dans la construction de soi, et surtout dans son affirmation tout au long de sa vie. Féminité, virilité, finalement la sexualité prend une grande part dans ces deux affirmations.
Mais qu’en est-il de la sexualité pendant le cancer et la maladie en général ? Le sujet déjà tabou le deviendrait-il encore davantage ?
Pour nous, la maladie ne devrait pas être un sujet tabou, et comme vous le savez ce n’est pas mettre les pieds dans le plat qui nous fait peur ! Alors nous parlons dans cet article de la sexualité pendant le cancer ; des choses qui changent ou évoluent ; que l’on veut ou que l’on ne veut plus et surtout des moyens pour retrouver un équilibre dans sa sexualité quand la maladie fait partie de sa vie.
Des changements physiques, une évolution mentale
Après la prise en charge de son cancer, l’heure du bilan
Bien qu’à visée curative, ce n’est plus un mystère : certains types de traitements anticancéreux, comme la radiothérapie, les thérapies ciblées, la chimiothérapie mais aussi la chirurgie ont un impact non négligeable sur le corps.
Cet impact, qui amène à des modifications de l’image de soi, peut parfois être abrupt. On peut avoir du mal à se reconnaître suite à une perte de cheveux, une chirurgie ou encore lorsque l’on est touchée par des effets secondaires comme la sécheresse vaginale. Sa propre perception de soi-même peut à terme être déformée.
En bref, ce n’est pas une étape facile à surmonter pour beaucoup de personnes. Chacun a son propre chemin, on ne se met sûrement pas une pression inutile 😉
Faire face à des changements physiques : réapprivoiser son corps et sa sexualité
Les changements physiques suite aux effets secondaires des traitements peuvent aussi mener à un sentiment de malaise. Se sentir étranger.e à son propre corps. Entre la fatigue, les traitements, la peur et le quotidien à gérer, il est normal de laisser de côté sa sexualité.
En premier lieu car ce n’est sans doute pas prioritaire, mais aussi parce que l’envie n’est plus forcément au rendez-vous. Alors surtout on se déculpabilise de ne plus avoir l’activité sexuelle de l’avant maladie. On se déculpabilise aussi de ne plus avoir les mêmes envies.
Et bien sûr on se rassure et on se réconforte avec nos conseils toujours bienveillants pour s’accepter dans son intimité et dans son couple suite à la maladie. Réapprivoiser son corps, cela passe aussi par le soin de soi et de son image. Pour cela, sachez que nos produits MÊME seront toujours là pour vous.
Comment aborder ces sujets sensibles avec mon/ma partenaire ?
Trouver un nouvel équilibre
L’équilibre du couple pendant le cancer n’est pas le même. Certes la sexualité a une place importante dans l’intimité de beaucoup de couples, mais peut aussi prendre d’autres formes que les rapports sexuels. Elle peut aussi laisser place à d’autres marques d’affection tout aussi importantes dans un couple.
Il ne s’agit pas de changer l’équilibre que vous aviez dans votre couple pour satisfaire l’autre. Il s’agit de trouver un alignement légèrement différent qui vous convienne mutuellement.
Communiquer avec son/sa partenaire à propos de l’intimité pendant le cancer
On le sait, c’est sans doute l’un des conseils les plus évidents et simples en théorie. Pourtant la réalité est bien différente. On peut s’enfermer dans un mal-être en pensant que son compagnon ou sa compagne, peut ne pas comprendre ou ne pas percevoir toutes les nuances de son discours.
Les mots peuvent parfois être difficiles à manier et la communication compliquée à instaurer. Si vous ressentez cette difficulté à communiquer, comme un mur entre votre partenaire et vous, un intermédiaire extérieur peut potentiellement vous apporter une aide précieuse.
Les psycho-sexologues par exemple, proposent des thérapies qui vous offrent l’opportunité d’apprendre à communiquer mais aussi à réapprendre à vous connaître l’un l’autre. Des séances pleines de bienveillance desquelles on ressort le cœur léger et l’esprit apaisé.
Si vous ne ressentez pas le besoin ou n’avez pas envie de consulter une personne extérieure à votre couple, ce qui est tout à fait compréhensible, vous pouvez aussi discuter avec votre partenaire à cœur ouvert. Chacun peut par exemple préparer des petits papiers avec les sujets qu’il souhaite aborder mais n’ose pas nécessairement lancer.
Ensuite ? On dialogue, on s’écoute et on cherche à comprendre l’autre. Prenez aussi ce temps pour vous couper du monde ! On enterre son téléphone sous une pile d’oreillers en mode avion, on éteint sa télé ou sa série Netflix, et on s’ancre dans l’instant présent.
L’idée c’est de partager un beau moment, qui vous déleste mutuellement et renforce votre lien amoureux et intime.
Si le fait de parler de ce sujet avec votre partenaire peut vous faire peur car vous ressentez de la pression vis à vis de ses envies, ses besoins, ou que l’un ou l’autre peut ne plus s’y retrouver, c’est aussi le moment de faire confiance à votre partenaire, et de compter sur son écoute. Laissez vous surprendre 😉
Surmonter ses peurs, se réconcilier avec soi-même
Peur de perdre sa capacité de séduction
Tout au long de sa vie, il est normal d’avoir des doutes. Notamment lorsque ces doutes sont liés au sujet si complexe des rencontres amoureuses. Alors lorsque la maladie rentre sans frapper dans sa vie, on peut être amené à penser que faire de nouvelles rencontres sera compromis.
En réalité, ce n’est pas la maladie qui va vous empêcher de faire de nouvelles rencontres et même d’accueillir quelqu’un dans votre vie, bien au contraire ! Ce n’est pas la maladie qui freine les rencontres, ce sont les peurs : les vôtres mais aussi celles des autres on vous rassure.
Alors oui évidemment vous pourrez tomber sur des personnes qui ne connaissent pas réellement le cancer et qui auront des réactions peu empathiques. Mais ce sont sans doute aussi des personnes que vous n’auriez pas gardé dans votre vie sans la maladie 🙂
Bien qu’on puisse le penser, on ne perd pas sa capacité de séduction à l’arrivée de la maladie. Il faut seulement trouver les petites choses qui nous permettent de se chérir à nouveau, de se sentir belle ou beau et de laisser les autres nous aimer pour ce qu’on est.
Peur de n’être plus assez, de ne plus satisfaire
La sexualité pendant le cancer, mais aussi après la fin des traitements peut parfois être chamboulée. En effet, beaucoup de personnes rapportent la perte de désir pendant le cancer. La libido baisse, et l’énergie peut également manquer au fur et à mesure que la fatigue se manifeste. En bref, ce n’est pas forcément le moment pour vous de penser à vos activités sexuelles, et vous avez tout à fait le droit !
Cependant on peut légitimement se demander si cette perte de désir ou du moins une baisse de fréquence de rapports peut impacter le couple. Alors dès qu’on débute ce questionnement, à la moindre petite pensée qui va en ce sens : on com-mu-nique avec son partenaire.
On lui demande ouvertement ce qu’il/elle pense de la situation, on lui explique ses ressentis, ses envies, ses “non-envies”. Mais surtout on évite de s’enfermer dans une spirale de pensées négatives qui peuvent à elles seules polluer votre intimité. Votre compagnon ou compagne comprendra parfaitement que certains moments sont moins propices que d’autres à des moments de tendresse. 🙂
Il est primordial que vous preniez aussi du temps pour vous, pour vous réapproprier votre corps et vos sensations avant de vous relancer trop rapidement dans une sexualité à 2 dans l’unique but de satisfaire votre conjoint.e : non, non, et re-non ! On ne se force surtout jamais, et si on ne veut pas, c’est comme ça !
Vous verrez que le désir reviendra de lui-même et que vous pourrez ensuite pleinement en profiter, qui sait, vous découvrirez peut-être de nouvelles choses 😉
Peur de perdre sa féminité ou sa virilité
Certains types de cancers impliquent des conséquences physiques dont on ne peut pas prévoir à l’avance les conséquences. Il y a toujours cette frontière mentale entre son imaginaire, puis la réalité qui nous rattrape.
Ainsi en fonction des chirurgies, ou de certains effets secondaires, on peut craindre de perdre sa féminité ou sa virilité. Craindre de ne plus être cette personne qu’on était “avant”. C’est tout à fait normal : un grand changement mérite un temps de transition équivalent, pour reprendre ses marques et se réapprivoiser.
La peur de perdre sa féminité peut également s’accompagner d’une peur de ne pas pouvoir avoir d’enfant, un sujet sensible que l’on aborde plus spécifiquement dans un article dédié.
Reconquérir se féminité ou sa virilité peut passer par de petites choses simples de la vie :
- mettre sa robe, son manteau, ses bottes, sa veste préférée
- porter ce parfum qui nous donne tant confiance
- se regarder dans le miroir et se sourire (oui l’exercice peut paraître drôle, mais il fonctionne ;))
- prendre soin de soi avec des produits doux, naturels et adaptés à sa peau fragile
- accepter les compliments de ses proches, de son/sa chéri.e, de cette personne que l’on vient de rencontrer
Mais c’est aussi comprendre et accepter qu’on aura également des jours de doute. Des jours où décidément rien ne va. C’est comme ça ! C’est arrivé, cela arrivera ! Surtout soyez indulgent.e avec vous-même car, vous mieux que quiconque, connaissez votre vraie valeur, et savez que cette personne que vous voyez dans le miroir peut soulever des montagnes.
Alors croyez en vous, en vos capacités et vous verrez que votre aura se chargera du reste 😉
Comment aider au mieux mon/ma partenaire atteint d’un cancer ?
Être une oreille attentive
Craindre d’embêter ou d’être ridicule, les peurs ont ce petit quelque chose infantilisant qui fait qu’on peut avoir peur de dire ses peurs. Eh oui, ce cercle vicieux de craintes peut pourtant être brisé avec une parole. Une parole qui a ce pouvoir d’inverser le cycle pour qu’il devienne vertueux 🙂
Écouter, parler et montrer
Notre quotidien fait qu’on utilise souvent la parole, les sms ou encore les réseaux sociaux pour communiquer. On pense souvent donc à tort que parler est suffisant. Mais pour une personne qui a beaucoup de peurs, des incertitudes et des insécurités, le plus rassurant reste les preuves. On ne vous parle pas d’aller décrocher la Lune (laissez-la où elle est s’il-vous-plaît), mais de petites actions qui font toute la différence.
Par exemple montrer qu’on pense à l’autre : lui laisser des petits mots avec des post-it dissimulés partout chez vous, préparer un bon plat réconfortant ou encore partager la chaleur d’une couverture à deux. Ce genre de moments permettent, à leur manière, d’enchanter le quotidien.
Accompagner son/sa partenaire sans le/la brusquer
Une fois que votre compagne ou compagnon se sent en confiance et vraiment à l’aise de discuter sans tabou, il/elle viendra sans doute naturellement vers vous pour aborder ces sujets.
Il s’agit de rester attentif/ve à quelques signaux pour savoir quel est le bon moment pour recommencer à engager des relations plus intimes. Restez à l’écoute et surtout respectez bien sûr si votre partenaire souhaite arrêter ou si au contraire il/elle se sent prêt.e à aller plus loin.
Des aides extérieures pour reprendre confiance
Que l’on soit malade ou partenaire d’une personne malade, il n’est jamais vain de consulter un spécialiste si vous sentez que vous auriez besoin d’un petit coup de pouce, pour réinstaurer un équilibre dans votre relation.
Que ce soit pour réapprivoiser son corps et ses sensations, pour savoir comment se placer dans la relation et réagir au mieux à toutes les situations. On le répète, ce n’est jamais inutile !
Et surtout, cela ne veut absolument pas dire que quelque chose cloche chez vous, au contraire. Il s’agit simplement d’avoir une aide extérieure pour se sentir plus en harmonie avec soi et dans sa sexualité.
Petite liste des professionnels et associations de soutien psychologique à votre écoute
- Un.e psychologue ou psycho-sexologue, de préférence près de chez vous pour consulter quand vous le voulez et pouvez, et assurer un suivi
- Votre médecin traitant, c’est celui qui vous connaît le mieux et qui saura vous rediriger vers des spécialistes ou confrères
- L’Afsos, l’assocation francophone des soins oncologiques de support
- L’Association interdisciplinaire post-universitaire de sexologie
- L’Institut National du cancer, dont le site regorge de précieuses ressources au sujet de la sexualité pendant le cancer
- Les infirmières de votre service qui auront toujours une oreille attentive et de douces paroles pour vous rassurer
- Un forum de discussion pour partager ses doutes et craintes en restant anonyme ou non !
- Des groupes de parole pour échanger avec des personnes qui traversent ou ont traversé les mêmes épreuves que vous
- Et bien sûr, votre entourage
Si vous aviez besoin de le lire : quoiqu’il arrive, vous êtes aimé.e 💕
Juste ici une petite vidéo qui aborde également le sujet des effets des traitements sur la sexualité, on n’est jamais assez informé.e 😉 Il ne vous reste plus qu’à cliquer !
Nos sources pour rédiger cet article, et quelques sites utiles :
“Préserver sa sexualité” – Fondation Arc pour la Recherche sur le Cancer en collaboration avec Rose Magazine – juin 2021
“La fatigue liée au cancer, la connaître pour la combattre” – Martin Chartogne & Sébastien Landry – 2021
Une brochure très complète de la Ligue contre le Cancer
Un petit livret plein de conseils de la Fondation pour la Recherche sur le cancer
Merci infiniment d être la, ça fait beaucoup de bien quand on est dans cette situation.
Mille mercis Amélie, on pense fort à vous <3