Le 3 mars, c’est la journée mondiale du cancer du sein triple négatif. À cette occasion, et parce que, comme pour tous les cancers, l’accès à l’information est clé afin de pouvoir faire avancer la lutte contre la maladie, on vous éclaire sur les spécificités du cancer du sein triple négatif.
Qui est-il réellement ? Quelles sont les particularités du cancer du sein triple négatif ? Quels sont les traitements associés et leurs avancées et vers qui se tourner quand on est concernée ? On vous dit tout !
C’est quoi un cancer du sein triple négatif ?
Vous le savez, il est délicat de parler DU cancer ou même du cancer du sein, car derrière cette appellation se cachent en réalité DES cancers et notamment des cancers du sein, avec chacun leurs spécificités.
Parmi les cancers du sein, le cancer dit “triple négatif” est un type de cancer caractérisé par le fait qu’il ne présente aucun des trois récepteurs spécifiques généralement utilisés pour traiter les cellules cancéreuses.
En effet, dans le cadre général d’un cancer du sein “classique”, les cellules cancéreuses présentent l’un ou l’autre de ces 3 récepteurs :
- Les récepteurs aux oestrogènes (aussi dénommés RE ou RO)
- Les récepteurs à la progestérone (ou RP)
- Les récepteurs de la protéine HER2 : il s’agit là d’une protéine qui permet de réguler la multiplication cellulaire
Dans le cas d’un cancer non “triple négatif”, les traitements associés sont décidés en fonction de ces récepteurs, avec une hormonothérapie dans le cadre des récepteurs aux oestrogènes et progestérones qui sont des hormones féminines, ou d’un traitement par thérapie ciblée anti-HER2 dans le dernier cas.
Lorsque les cellules cancéreuses ne présentent aucun de ces 3 récepteurs, le cancer du sein est dit “triple négatif” : en d’autres termes, il ne peut pas être traité avec les protocoles classiques.
Comment le cancer triple négatif est-il diagnostiqué ?
Comme pour tous les cancers du sein, le triple négatif peut être suspecté lors d’une palpation des seins par le médecin généraliste ou le gynécologue, ou lors d’une mammographie de contrôle.
Si une anomalie est détectée à la palpation, une mammographie est systématiquement demandée, et peut donner lieu à des examens complémentaires si les résultats sont suspects.
En cas de présence d’un masse suspecte, une biopsie, c’est-à-dire un prélèvement de tissus, est effectuée pour analyse. La biopsie permet de poser le diagnostic du cancer éventuel et de son type. C’est aussi à cette occasion que sont testés ces fameux récepteurs hormonaux et récepteurs à la protéine HER2. Et vous l’aurez donc compris, en cas d’absence de ces 3 récepteurs, on est alors en présence d’un cancer du sein triple négatif.
Les chiffres du cancer du sein triple négatif
- Le cancer du sein triple négatif concerne environ 9000 personnes par an, soit 15% des cancers du sein diagnostiqués.
- La moitié des patients diagnostiqués ont moins de 53 ans au moment du diagnostic, c’est donc un type de cancer du sein qui touche des personnes plus jeunes que la moyenne, et principalement la femme de moins de 40 ans non ménauposée.
- Dans plus de 10% des cas, les personnes diagnostiquées présentent une mutation des gènes BRCA-1 ou BRCA-2 (Laetitia Mendes, fondatrice de Geneticancer, nous en disait plus sur le sujet dans notre podcast Danser sous la pluie). Il peut donc y avoir une composante génétique héréditaire dans le cancer du sein triple négatif, et les patients concernés se voient d’ailleurs systématiquement suggérer une analyse génétique afin de pouvoir bénéficier d’un suivi et d’un traitement spécifique en cas d’anomalie sur l’un ou l’autre de ces gènes.
- 7 patients diagnostiqués sur 10 présentent un cancer du sein localisé, c’est-à-dire sans présence de métastases à distance.
Pourquoi le cancer du sein triple négatif est-il considéré comme un cancer plus agressif et difficile à traiter ?
Cela fait partie de leurs spécificités : les cancers du sein triple négatif progressent et prolifèrent plus rapidement que d’autres cancers du sein, ils sont donc considérés comme plus agressifs.
Par ailleurs, les cancers triple négatif ont un risque de récidive un peu plus élevé que les autres cancers du sein : le risque est important notamment lors des 3 à 5 premières années de suivi après la rémission. Le risque de rechute diminue en revanche très nettement après 5 ans jusqu’à devenir quasi nul après 8 ans de suivi.
En réalité, le cancer du sein triple négatif n’est pas nécessairement plus difficile à traiter mais il doit faire l’objet d’autres types de traitements de par son caractère non réceptif aux hormonothérapies ou thérapies ciblées anti-HER2. En revanche, il répond généralement bien aux traitements par chimiothérapie.
Quels sont les traitements pour un cancer du sein triple négatif ?
Comme pour d’autres types de cancers, l’équipe médicale peut décider de l’un ou l’autre (ou plusieurs) de ces protocoles en fonction du profil du cancer du sein triple négatif diagnostiqué, sa “carte d’identité”, et de la réaction du patient à ces différents traitements.
- La chirurgie : elle a pour but de retirer l’ensemble des cellules du cancer initial ainsi que des éventuelles métastases. Selon l’étendue de la tumeur, la chirurgie peut être une “simple” tumorectomie (on enlève l’ensemble de la tumeur et une partie des tissus sains l’entourant), ou bien une mastectomie, qui consiste à retirer l’intégralité du sein touché. On vous parlait d’ailleurs de chirurgie et reconstruction mammaire par ici.
- La chimiothérapie : par voie veineuse ou orale, elle vise à détruire les cellules à renouvellement rapide que sont les cellules cancéreuses, et détruit aussi toutes les autres cellules saines qui ont cette caractéristique (et notamment les cellules de la peau, des cheveux, des ongles etc…). La moitié des patients ayant un cancer du sein triple négatif réagissent très bien à un traitement par chimiothérapie.
- La thérapie ciblée : elle vise à détruire uniquement les cellules cancéreuses en ciblant les anomalies spécifiques de certaines d’entre elles. Elle est notamment indiquée en cas d’une anomalie sur le BRCA-1 ou le BRCA-2, mais tous les patients diagnostiqués ne peuvent pas être traités par thérapie ciblée. Il faut en effet un profil de cellule cancéreuse qui s’y prête ! On vous expliquait d’ailleurs ici plus clairement le fonctionnement de la thérapie ciblée.
- L’immunothérapie : le principe même de ce traitement de pointe que sont les immunothérapies, est d’apprendre à votre organisme à se défendre seul contre le cancer, plutôt que de détruire les cellules cancéreuses, incroyable non ? Dans le cadre d’un cancer du sein triple négatif, le traitement par immunothérapie peut être envisagé lorsque les cellules cancéreuses présentent un type de protéine spécifique.
- Les anticorps conjugués : il s’agit d’un traitement qui peut être associé à la chimiothérapie afin de limiter l’action de celle-ci à la destruction des cellules cancéreuses seules.
Quid des effets secondaires de ces traitements contre le cancer du sein triple négatif ?
Comme pour d’autres types de cancers, les traitements contre le cancer du sein triple négatif, et notamment les chimiothérapies, peuvent avoir des effets secondaires. Ils varient beaucoup d’un patient à l’autre, donc l’idée est de ne pas trop se stresser en anticipation, notamment lorsque le lot potentiel d’effets secondaires est détaillé au moment de l’annonce du protocole.
Si ces effets plus qu’indésirables ne sont évidemment pas à négliger, il existe quelques manières de s’en préserver au maximum, ou de les vivre le mieux possible. On vous donne tous nos conseils dans notre livret en téléchargement gratuit.
Un cancer qui fait l’objet de nombreuses recherches
Parce que le cancer du sein triple négatif est si particulier, c’est un des cancers du sein qui fait actuellement l’objet de nombreuses recherches et études cliniques sur d’autres types de traitements.
Pour les patients diagnostiqués, si les critères d’inclusion sont respectés, la participation à un essai clinique pourra être proposée par l’oncologue.
Comment avoir davantage d’informations et de soutien dans le cadre d’un cancer du sein triple négatif ?
Toutes ces informations peuvent faire peur, nous le savons bien, et c’est pourquoi nous souhaitions aussi vous indiquer les précieuses structures qui existent afin que vous puissiez y trouver les informations et le soutien nécessaire lorsque l’on vous diagnostique un cancer du sein triple négatif.
Des associations et organismes qui peuvent vous accompagner, vous soutenir et vous conseiller tout au long de votre parcours :
- Le Collectif Triplettes Roses : ce précieux collectif a pour but de permettre l’accès aux traitements novateurs pour chaque “triplette” (les patientes diagnostiquées d’un cancer du sein triple négatif).
- Mon réseau cancer du sein : une association conçue comme un réseau social pour les patients et leurs proches.
- Jeune & Rose : un collectif conçu par et pour des femmes de moins de 40 ans touchées par un cancer du sein, un véritable concentré de bonnes ondes pour se soutenir dans cette épreuve.
- RoseUp : Est-il encore besoin de présenter RoseUp ? Cette association accompagne, informe et défend les droits des femmes concernées par le cancer.
- Geneticancer : Pour tout savoir sur les cancers d’origine génétiques et/ou héréditaires.
- La ligue contre le cancer : une association avec des antennes locales pour informer et accompagner au quotidien les patients concernés. De nombreux ateliers y sont proposés et les antennes régionales regroupent généralement l’information autour du tissu associatif local pour tout ce qui concerne les soins de support.
- Collectif 1310 : il s’agit d’un collectif de patients pour échanger et se soutenir autour du cancer du sein métastatique.
Pour conclure :
On espère que cet article vous aura permis d’y voir un peu plus clair sur le cancer du sein triple négatif et ses spécificités. Que vous soyez concerné.e ou proche, n’hésitez pas à en parler, à votre équipe médicale, ou en rencontrant des associations de soin de support, afin de vivre cela de la manière la plus sereine possible.
Et si vous êtes adepte des réseaux sociaux, sachez que les triplettes sont très actives sur instagram, une manière de se serrer les coudes et de partager son expérience avec d’autres triplettes qui pourront comprendre parfaitement ce que vous traversez 💕
Vous pouvez d’ailleurs écouter par ici le témoignage de Delphine, triplette et invitée de notre podcast Danser Sous La Pluie.
De notre côté, on vous envoie toutes nos ondes de force et de tendresse, courage 💕
