La maladie bouleverse bien souvent le rapport entretenu par chacun avec son corps. Elle bouscule la perception et la connaissance que l’on a de lui, alors fragilisé par les traitements (chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie…) et leurs nombreux effets secondaires.
Ces perturbations entraînent une modification de l’image corporelle, autrement dit de la représentation que le patient se fait de son corps. Cela crée fréquemment chez les personnes concernées un sentiment de «rupture» avec leur propre enveloppe, une perte de confiance, et une atteinte de l’estime de soi.
Parce que chez MÊME votre bien-être est notre priorité, et que nous voulons vous aider à vous sentir mieux dans vos baskets, nous avons décidé de vous parler d’un soin de support encore (trop) méconnu : la psychomotricité, ou comment favoriser une image positive de soi et se réapproprier son corps pas à pas.
La psychomotricité, quésako ?
Cette profession paramédicale, intégrée dans le parcours global de soins du patient, s’appuie sur le lien étroit entre corps et psychisme.
Elle étudie la manière dont vous percevez et habitez votre corps. La psychomotricité s’intéresse plus particulièrement à l’évolution du regard que vous portez sur celui-ci, durant et après la maladie. Il s’agit donc d’une thérapie, basée sur une approche psychocorporelle visant l’harmonie du corps et de l’esprit. On vous détaille tout ça dans le concret un peu plus bas 🙂
Psychomotricité, kinésithérapie, ergothérapie : quelles différences?
Ces trois professions sont régulièrement confondues. Il faut dire qu’elles utilisent toutes le corps comme outil de travail. Mais en pratique, la prise en charge varie dans la manière d’appréhender celui-ci.
On vous explique !
La kinésithérapie s’intéresse avant tout à votre mobilité. Elle vous fait donc travailler sur vos mouvements lorsque ces derniers sont limités et créent une gêne. Amplitude articulaire, force musculaire… les séances se basent sur la technique du geste et votre aisance à le réaliser.
L’ergothérapie se concentre sur la façon dont votre corps vous apporte autonomie et indépendance au quotidien, sur le plan personnel, professionnel ou social. L’ergothérapeute vous aide à réadapter ce corps (souvent perturbé par les traitements et leurs effets secondaires) à votre environnement, mais également à adapter notre environnement à notre corps lorsque cela est nécessaire !
La réelle différence avec la psychomotricité repose sur la prise en compte de l’aspect émotionnel des patients. En effet, le psychomotricien cherche à comprendre l’origine psychologique de ce trouble. Il tient compte du vécu du patient, de l’expérience (souvent douloureuse) à l’origine de ses difficultés corporelles. Il étudie la manière dont cela affecte sa relation avec son enveloppe corporelle.
La psychomotricité : pour qui ? Comment ?
Psychomotricité et jeune patientèle sont souvent associées. En réalité, le champ d’action d’un psychomotricien est bien plus vaste. Il peut aussi bien prendre en charge un patient nouveau-né qu’une personne âgée.
Les problématiques sont complètement différentes nous direz-vous ? Vrai ! Mais les séances s’adaptent toujours à votre âge, à votre condition physique ainsi qu’à votre pathologie. Pratique, non ?
Dans le cas d’un adulte, l’intervention d’un psychomotricien se fait généralement lors ou après une période particulièrement éprouvante émotionnellement, comme c’est par exemple le cas avec la maladie. Ces évènements sont souvent synonymes de changements brutaux. Ils vont en effet venir fragiliser l’équilibre entre corps et esprit (sensation de malaise vis-à-vis de son corps, dévalorisation de son image, angoisses…).
La séance (45 minutes en moyenne) repose sur un travail en étroite collaboration entre vous et le psychomotricien. L’objectif est de vous permettre de retrouver un mieux-être psychique, mais également corporel. Les séances se basent sur des séries d’exercices à réaliser, en voici quelques exemples:
- Exercices de relaxation, réalisés en position allongée. L’objectif est d’atteindre un état de détente musculaire. Il est ainsi plus simple de sentir vos appuis, et prendre conscience des différentes parties composant votre corps et de leur solidarité.
- Exercices reposant sur des stimulations sensorielles (le praticien vient par exemple faire rouler une balle sur différentes zones de votre corps. Il vous permet ainsi d’en sentir les contours et de mieux vous les représenter).
- Exercices d’équilibre ou de contrôle posturale. Le but est de vous inviter à solliciter votre corps.
- Exercices de tonus (le psychomotricien vous demande par exemple d’alterner phases de contraction et de décontraction musculaire. Cela agit sur les tensions psychiques et émotionnelles).
La psychomotricité et ses mille vertus
On exagère à peine 😊
La maladie a inévitablement (et malheureusement) une incidence trop souvent négative sur l’image corporelle. Certain.e.s ont la désagréable impression de perdre le contrôle de leur corps, ou de ne plus le reconnaitre. D’autres éprouvent un sentiment d’insécurité dans leur propre enveloppe. Il n’est pas toujours facile d’accepter l’impact que les traitements et leurs effets secondaires ont sur cette dernière.
Les séances de psychomotricité vont permettre la mise en lumière des interactions entre corps et émotions. Elles vous donnent l’opportunité de verbaliser celles-ci. Réapprendre à vivre avec votre corps et à vous l’approprier passera forcément par l’acceptation de ses évolutions, positives comme négatives.
L’approche psychocorporelle vous permet de réinvestir progressivement ce corps, souvent un peu délaissé. Vous reprenez contact avec lui en étant attentif.ve aux sensations et perceptions que celui-ci vous communique.
Petit conseil : Pensez également à pratiquer une activité physique en complément. Choisissez-en une que vous appréciez tout particulièrement afin d’associer plaisir et sollicitation corporelle. Le yoga peut également s’avérer être une très bonne option !
Faites-vous confiance et armez-vous de patience. Ce travail est long mais en vaut la peine !
Informations complémentaires sur la psychomotricité
Pour tirer parti des bénéfices de ce soin et constater une réelle évolution, il est primordial que le suivi soit régulier, et votre investissement total. Les séances se pratiquent avant tout de manière individuelle.
Pour bénéficier gratuitement de celles-ci, rapprochez-vous de l’hôpital où vous effectuez votre suivi afin de savoir si ils y proposent ce soin. Vous pouvez également contacter et questionner le comité de la Ligue contre le Cancer le plus près de chez vous.
Si vous envisagez de consulter un psychomotricien libéral, comptez 40 à 60€ pour une séance. Sachez que celle-ci n’est cependant pas prise en charge. Pensez donc à demander à votre mutuelle si elle rembourse partiellement, ou totalement les frais, et surtout quelles sont les conditions à remplir pour bénéficier de ce remboursement.
Le témoignage de Zakia, 23 ans, sur les bénéfices de la psychomotricité
Zakia, 23 ans, suivie à l’Institut Gustave Roussy (Villejuif) pour un sarcome alvéolaire, se confie sur ses premières impressions concernant la psychomotricité, et les bénéfices qu’elle en tire aujourd’hui :
« Lorsque j’ai appris qu’une tumeur était logée à l’arrière de ma cuisse gauche, je n’avais qu’une seule chose en tête : qu’on me la retire au plus vite !
Une fois l’opération chirurgicale et les rayons passés, j’ai constaté que le rapport que j’entretenais jusqu’alors avec mon corps n’était plus le même. Je me sentais déstabilisée par le sentiment de ne plus reconnaître cette enveloppe corporelle. J’étais en colère contre lui, je me sentais trahie, vulnérable. Tout contact ou toucher était devenu source d’appréhension, encore plus au niveau de ma jambe et ma cicatrice ! Je n’osais pas solliciter ce corps que je pensais «cassé ».
Cela se traduisait à travers mon tonus, le choix de mes appuis, ma posture etc. Par la suite, cette désagréable sensation n’a fait que grandir avec les différents traitements proposés…
Lorsqu’on m’a soumis l’idée de m’essayer à une séance de psychomotricité à l’hôpital, je ne savais pas vraiment dans quoi je me lançais, et n’avais donc aucunes attentes particulières.
J’ai finalement fait la rencontre de ma psychomotricienne, une personne extrêmement bienveillante qui a su, par ses mots, me mettre à l’aise et en confiance lors de nos séances. Grâce à des exercices adaptés, de la patience, et de beaucoup de douceur envers moi-même, j’ai pu réinvestir ce corps petit à petit, afin de m’y sentir un peu plus à mon aise. Il m’a fallu apprendre à lâcher prise et accepter l’idée que malgré tout, ce corps faisait de son mieux pour m’accompagner à travers cette épreuve.
Ces séances m’ont permis de retrouver un rapport apaisé avec mon corps, même si je sais qu’il me reste encore un peu de travail. En prenant soin de mon corps, la psychomotricité m’a aidée à prendre soin de mon esprit. »
Nous espérons vous en avoir appris davantage sur la psychomotricité ❤
N’hésitez pas à nous poser vos questions, ou à partager vos expériences en commentaires. Et pour la petite histoire, chez MÊME, on a eu la chance d’accueillir la brillante et jolie Zakia en stage pendant quelques mois, qui a eu la gentillesse de nous faire partager (entre autres) son expérience de la psychomotricité !
Bonjour,
je suis psychomotricienne et exerce en salariée et libérale auprès d’un large public dont les patients en oncologie adultes et en onco pédiatrie! Les personnes accompagnée sont souvent pleine de gratitude de pouvoir trouver une harmonie optimisée et une meilleure connexion à ses ressources!
Je serais enchantée d’échanger avec des collègues exerçant avec des patients en oncologie ([email protected])!
Je propose des sessions en présentiel et en visio de méditation de pleine conscience et d’autocompassion dont le programme MSC ( en ligne et présentiel!) ainsi que des ateliers de yoga thérapie, toucher thérapeutique, de dessin méditatif, de facilitation à la respiration dont la cohérence cardiaque, les mouvements dansé…et de relaxations!
J’essaie aussi de diffuser par un site internet des ressources: https://mediterbougersouffler.fr/
Harmonieusement
Merci pour ces informations simples et claires!
Bonjour Caroline,
Merci pour ces infos 🙂
Bonjour ,
Tout d’abord merci pour cet article qui décrit avec des mots très justes la profession des psychomotriciens.
Psychomotricienne travaillant en crèche, j’ai récemment eu l’occasion de rencontrer la ligue contre le cancer dans le cadre du soutien à octobre rose et je suis ravie de pouvoir partager cet article qui montre très bien que le champ d’action des psychomot’ ne se réduit pas à la petite enfance.
Merci encore.
Merci beaucoup pour ce témoignage qui nous touche beaucoup Margo !
Merci pour cet article !
Je travaille en service d’oncologie depuis 4 ans en tant que psychomotricienne et je me sentais vraiment seule dans ma profession.
C’est absolument fantastique de voir un article à ce sujet accompagné d’un témoignage comme celui de Zakia.
Merci infiniment, cela met du baume au cœur.
Merci à vous Claire pour votre précieux travail qui aide de nombreuses personnes au quotidien <3
Bonjour, merci pour cet article qui permet de mettre en lumière l’apport de notre beau métier en oncologie ! Travaillant depuis un an en tant que psychomotricienne en oncologie, j’apprends beaucoup tous les jours au contact de mes patients, pour qui j’essaie de proposer, individuellement ou en groupe, la prise en charge la plus adaptée.
Merci beaucoup pour ce retour Amandine !
Merci pour cet article hyper instructif, c’est rassurant de savoir que cette sensation présente 24h/24 n’est pas juste un problème personnel. Ce que je trouve le plus fou dans « l’après » c’est le manque de soutien de la part du corps médical (pour ma part), j’ai l’impression d’être un ovni face à eux. Je me sens seule avec tous ces changements et effets secondaires. Merci pour cet article
Merci de votre commentaire Adeline, vous n’êtes pas la seule à avoir mal vécu « l’après cancer » et le fait de se sentir moins soutenue et moins surveillée. Heureusement, cette dimension est de plus en plus prise en compte par les équipes médicales qui essayent de vous réorienter vers des soins de supports pour la suite.
N’hésitez pas à continuer à échanger avec votre équipe médicale et pourquoi pas à vous faire accompagner par un psychologue ou psychiatre pour vous aider à aller de l’avant !
Cela peut être une aide précieuse 🙂
Bonsoir, je sors d un cancer du sein avec chimio et radiothérapie… Tout sa m a fait prendre du poids et je suis mal dans mon corps…. Que puis je faire….
Cordialement
Bonjour, nous souhaitons dans un premier temps vous exprimer tout notre soutien face à cette étape que vous avez passé !
Il est compliqué de conseiller des personnes par rapport à la relation avec leur corps, c’est une relation très personnelle. Nous pouvons seulement vous recommander d’entreprendre des activités pour vous le réapproprier, sportives ou artistiques, et de demander conseils à des professionnels de la santé voire de la nutrition si vous le souhaitez 🙂
Nous vous envoyons pleins de belles ondes <3